Dialogue avec mon ombre

Fragments d’ombre, de puissance, et de renaissance bien ordinaire!

Femme debout, encore un peu écorchée, mais vivante.
J’écris pour apprivoiser mon ombre et pour donner voix à ce qui renaît, lentement.
Derrière chaque mot, il y a une main tendue — vers soi, vers les autres, vers le possible.

Arrêtez de me demander si je manque de sexe.

Après huit ans en solo, j’ai appris deux choses :

  1. la solitude n’est pas un problème,
  2. mais les réseaux de rencontres, eux, en sont un solide.

Sérieusement : huit ans.
Huit ans à voir défiler les mêmes phrases recyclées d’un profil à l’autre.
Les mêmes questions mécaniques.
Les mêmes « approches » qui ressemblent plus à des diagnostics qu’à de vraies conversations.

Je pouvais presque y croire au début. Mais aujourd’hui? J’ai l’impression de recevoir des messages sortis d’un vieux manuel d’éducation sexuelle publié en 1983. Toujours les mêmes questions obsessionnelles, comme si mon état civil révélait automatiquement une urgence physiologique.

Et la plus populaire… celle qui revient comme un pop-up douteux qui revient chaque fois qu’on pense l’avoir fermé: « Mais… tu dois manquer de sexe après tout ce temps? »

 « Non, Gérard.
Je ne manque pas de sexe.
Je manque de conversations intelligentes. »
Et visiblement, ce n’est pas sur Tinder, Facebook Rencontre ou Bumble que l’humanité a décidé de se dépasser. »

Le plus ironique? On me parle comme si être en solo signifiait vivre dans un désert émotionnel, alors que bien des hommes qui posent ces questions cherchent surtout quelqu’un pour remplir un vide qu’ils n’ont jamais regardé en face. Ils ne recherchent pas une relation : ils recherchent une béquille.

Gérard, sache que  « Je ne suis pas un accessoire thérapeutique.
Je ne suis pas là pour boucher les trous existentiels de qui que ce soit.
Et ma vie solo (celle qui inquiète tant) n’a rien d’un naufrage.
Elle est solide, pleine, alignée. »

Alors oui : voici mon manifeste.
Mon rappel.
Mon petit coup de pelle sympathique, juste assez sonore pour réveiller le monde.


« Maintenant que ça, c’est dit, passons aux vraies affaires.« 

On me demande souvent : « Ben voyons que t’as pas présenté PERSONNE à ta famille depuis 8 ans?». Comme si ma vie intime était un dossier X-Files et que ma solitude devait nécessairement contenir un cadavre ou, au minimum, une mauvaise décision.

Grande nouvelle:
Je suis très vivante!
Et ma solitude aussi.

Petite, je pouvais passer des heures à parler aux oiseaux, feuilleter un livre ou simplement exister sans supervision humaine. Déjà là, j’avais compris un truc que beaucoup d’adultes n’ont toujours pas saisi : la solitude n’est pas une absence, c’est un espace.

Un espace où je respire, où j’observe, où je me retrouve. Les sociologues appellent ça une solitude élective, un retrait fertile qui nourrit plutôt qu’il n’assèche. Rien à voir avec l’isolement dramatique dans lequel certains voudraient me classer parce que je n’ai pas un conjoint à brandir comme carte d’identité sociale.

Parce que visiblement, en 2025, il faut encore rappeler ceci : On peut être en couple et se sentir terriblement seule. Je le sais. J’ai vécu la version premium. Le duo qui ressemble plus à une cage décorée qu’à un partenariat. La solitude qui s’invite dans les soupers de famille, dans les vacances trop remplies, dans les soirées où on s’ennuie… même à deux.

Alors oui : aujourd’hui, je vis seule.
Et non : ce n’est pas un drame national.
C’est un choix. Un alignement. Parfois même un luxe.

Je ne remplis plus mes fins de semaine pour prouver que j’ai une vie.
Je ne remplis plus ma maison pour prouver que je suis aimée.
Je ne remplis plus mon lit pour prouver que je suis désirée.

Ma vie solo, ce n’est pas une révolte contre l’amour. C’est une résistance contre les attentes qui font de la présence un devoir et de la solitude un diagnostic.

Un jour, j’aimerai peut-être à nouveau.
Mais pas au prix de mon espace.
Pas au prix de ma respiration.
Pas au prix de la paix intérieure que j’ai mis des années à reconquérir.

Je veux aimer quelqu’un qui comprend que la solitude n’est pas une menace, mais un territoire qu’on cultive… même quand on est deux. Quelqu’un qui sait entrer doucement dans mon silence et y trouver sa propre place, sans coloniser le reste.

En attendant, je ne suis pas seule.
Je suis EN SOLO.
Et ce n’est pas la même chose.

C’est même, franchement, beaucoup mieux qu’être seule, non?

Mise en garde

Aucun Gérard n’a été maltraité durant l’écriture de ce texte.
D’ailleurs, je ne connais aucun Gérard.
Il s’agit d’un nom fictif, totalement choisi au hasard.
Si jamais un vrai Gérard se sent visé… promis, ce n’est pas toi!
… mais avoue que ça aurait pu, hein?

« Ma solitude ne me pèse pas. Vos attentes, oui. »

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